Près de 60 % des pays les plus pauvres sont exposés à un risque élevé de surendettement ou déjà surendettés, selon la Banque mondiale
13/12/2022
En effet, «la crise de la dette à laquelle sont confrontés les pays en développement s’est aggravée», a indiqué le président du Groupe de la Banque mondiale, David Malpass.
Selon le constat établi par la Banque mondiale, « Les pays les plus pauvres éligibles aux financements de l’Association internationale de développement (IDA) consacrent aujourd’hui plus d’un dixième de leurs recettes d’exportation au service de leur dette extérieure à long terme, publique ou garantie par l’État, peu après le lancement de l’Initiative en faveur des pays pauvres très endettés (PPTE) ».
Comme le font remarquer les experts de l’institution financière internationale, il s’agit d’un niveau sans précédent depuis 2000.
D’après le rapport de la Banque mondiale sur la dette internationale, rendu public récemment, toutes les économies en développement, à revenu faible ou intermédiaire courent des risques croissants liés à leur dette.
Il est à rappeler que la dette extérieure de ces pays s’élevait à 9.000 milliards de dollars à fin 2021, soit plus du double de son montant d’il y a dix ans, après calcul des experts de l’organisation financière.
Il se trouve que la dette extérieure totale des pays IDA a presque triplé durant la même période pour s’élever à 1 000 milliards de dollars, ont constaté les auteurs du rapport qui marque (reconnait-on) une avancée dans la transparence de la dette.
La crainte est que « la hausse des taux d’intérêt et le ralentissement de la croissance mondiale risquent de faire basculer un grand nombre de pays dans une crise de la dette, sachant qu’environ 60% des pays les plus pauvres sont actuellement exposés à un risque élevé de surendettement ou sont déjà surendettés », a indiqué la Banque mondiale.
Ainsi, d’après les auteurs dudit rapport, les paiements du service de la dette extérieure à long terme publique et garantie par l’État des pays éligibles à l’IDA s’élevaient à 46,2 milliards de dollars, à la fin de l’année 2021.
Ce montant équivaut à 10,3% de leurs exportations de biens et services et de 1,8 % de leur revenu national brut (RNB), des pourcentages en nette augmentation par rapport à 2010, alors qu’ils étaient respectivement de 3,2% et 0,7%.
Des prévisions du rapport, il ressort que le service de la dette des pays IDA devrait augmenter de 35% pour atteindre plus de 62 milliards de dollars en 2022. Ce qui devrait constituer l’une des plus fortes progressions annuelles de ces deux dernières décennies, annonce le rapport soulignant que la Chine devrait représenter 66 % des paiements dus au service de la dette publique bilatérale dans les pays IDA.
Même si, à première vue, les indicateurs semblent avoir évolué favorablement en 2021, le rapport constate que la situation est différente pour les pays IDA, dont le ratio dette/RNB reste supérieur au niveau antérieur à la pandémie, à 25%.
A cela s’ajoute le fait que les perspectives économiques se sont considérablement détériorées et, comme cela a été constaté, la croissance mondiale a fortement marqué le pas cette année.
Par ailleurs, « alors que le monde est confronté à un resserrement général des politiques monétaires et budgétaires sans précédent depuis 50 ans, le risque d’une récession planétaire l’année prochaine s’est amplifié », a fait savoir la Banque mondiale soulignant que la dépréciation des devises a aggravé la situation de nombreux pays en développement dont la dette est libellée en dollars.
Ainsi que le soutiennent les auteurs du rapport, autant dire que l’amélioration du ratio dette/RNB en 2021 est probablement temporaire.
L’évolution de la situation de la dette est telle que David Malpass estime qu’« une approche globale est nécessaire pour résorber la dette, accroître la transparence et faciliter une restructuration plus rapide, afin que les pays puissent privilégier les dépenses qui soutiennent la croissance et réduisent la pauvreté ».
À défaut, le président du Groupe de la Banque mondiale prévient que « de nombreux pays et leurs gouvernements seront en butte à une crise budgétaire et à l’instabilité politique, et des millions de personnes sombreront dans la pauvreté».
Quoi qu’on dise, «l’opacité de la dette est la raison pour laquelle tant de pays glissent aveuglément dans une crise de la dette», a soutenu Indermit Gill, premier vice-président et économiste en chef du Groupe de la Banque mondiale persuadé que des données complètes et transparentes améliorent la gestion de la dette.
D’après lui, celles-ci «rendent plus fiables les analyses de viabilité et elles facilitent la mise en œuvre des restructurations de la dette afin que les pays puissent retrouver rapidement la stabilité et la croissance économiques». Et de conclure : «à long terme, aucun créancier n’a intérêt à dissimuler les montants de la dette publique.»
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