À la force de ses bras, Dekenech Chalaro, 50 ans, extrait la pulpe de la tige et des racines de l’enset. Ici, ce sont uniquement les femmes qui se chargent de cette tâche particulièrement éprouvante. Elles ne se contentent cependant pas de récolter la pulpe, mais récupèrent chaque partie de l’enset.
« On cuisine la pulpe et on donne les feuilles à manger aux animaux. Ensuite, les fibres sont utilisées pour faire des ficelles et accrocher les toits. On extrait aussi un jus appelé bulla. Le bulla est ensuite donné aux femmes enceintes », détaille Dekenech Chalaro.
Dans le village de Dorze et dans le reste de la région, tout le monde possède des arbres enset dans son jardin ou dans son arrière-cour, la plupart du temps par dizaines, voire centaines. À maturité, l’arbre peut atteindre jusqu’à huit mètres de haut et produire environ 70 kilos de nourriture. Abraham Gelaye la cultive depuis cinq ans.
« L’enset est bien plus facile à exploiter que les autres cultures. Il suffit de creuser un trou, d’y planter une racine enset. Ensuite, ça se propage et grandit tout seul, vante-t-il. Après la récolte, je peux en retirer près de 50 euros, que ce soit en le vendant sous forme de pain, de bulla ou autre. »
Cette plante omniprésente et indispensable dans le sud de l’Éthiopie est encore trop méconnue à travers le monde, regrette le professeur Addisu Fekadu de l’université d’Arba Minch. Il s’est récemment lancé dans une modernisation de ces techniques de culture qui datent de plusieurs siècles.
« Nous avons récemment mis en place des outils de récoltes intelligents et des technologies de fermentation pour améliorer les rendements. C’est en étudiant et travaillant sur ses caractéristiques que nous pouvons faire de l’enset une plante qui sera capable de nourrir plus de 100 millions de personnes d’ici à 40 ans. »
L’enset est habituellement déclinée en porridge, en sorte de pomme de terre ou en pain. Le professeur Addisu a créé une farine pour en multiplier les usages. « Elle est ensuite très résiliente au changement climatique. Enfin, vous ne pouvez pas trouver une culture qui a un rendement aussi élevé que l’enset. Donc, elle peut faire partie des nouvelles solutions pour répondre à la faim dans le monde », assure-t-il.
La plante est déjà présente dans la région, au Rwanda, Tanzanie, Kenya et Ouganda, mais seulement à l’état sauvage.
Source : RFI
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