Investissement- COP27 : pour l’aide aux pays pauvres, l’accord est historique mais devra être fortifié

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La COP27 s’est achevée tôt ce dimanche 20 novembre. Les Etats ont convenu de la création d’une aide pour les pays déjà touchés de plein fouet par le réchauffement climatique. Mais devront désormais y apporter les financements nécessaires.

Depuis ce matin, chefs d’Etat et représentants d’ONG saluent dans les médias ou sur les réseaux sociaux l’accord historique pris en conclusion de la COP 27 de Charm el-Cheikh, en Egypte. “C’est une énorme réussite que d’obtenir un accord après trente ans passés à essayer de mettre cela à l’ordre du jour,” s’est réjouie Tasneem Essop, directrice du réseau d’ONG Climate Action Network, auprès de l’Agence France Presse (AFP). “Historique. Je crois vraiment que c’est historique, abonde de son côté Collins Nzovu, ministre de l’Environnement de la Zambie. C’est un résultat très positif pour 1,3 milliard d’Africains”. Tous deux font référence à l’adoption d’une résolution prévoyant, notamment, la création d’un fonds dédié pour financer les dégâts climatiques déjà subis par les pays “particulièrement vulnérables”.

La décision a été approuvée par consensus en assemblée plénière sous un tonnerre d’applaudissements, en clôture de la conférence climat annuelle de l’ONU. Elle souligne le “besoin immédiat de ressources financières nouvelles, supplémentaires, prévisibles et adéquates pour aider les pays en développement qui sont particulièrement vulnérables” aux impacts “économiques et non-économiques” du changement climatique.

“Ce qu’aucune autre COP n’avait réalisé”

Si beaucoup louent à juste titre une avancée majeure, c’est parce que la question des “pertes et dommages” ne figurait même pas à l’agenda au début des discussions. Cela fait presque trente ans que les ONG et les pays du sud – les plus vulnérables face aux dégâts du réchauffement climatique – tentent de pousser le sujet aux COP successives. “La COP27 a fait ce qu’aucune autre COP n’avait réalisé”, se félicite Mohamed Adow, directeur exécutif de l’ONG Power Shift Africa. “Cette question n’était même pas à l’ordre du jour au début des négociations, et aujourd’hui nous entrons dans l’histoire, remarque-t-il. Cela montre que le processus des Nations unies peut donner des résultats et que le monde peut reconnaître le sort des personnes vulnérables.” Alors que l’an dernier, à Glasgow, la question avait fait son chemin, les pays développés avaient finalement réussi à bloquer tout progrès significatif sur ce dossier sensible. Or ce jeudi l’Union européenne a réalisé un revirement spectaculaire en acceptant le principe d’un fonds, avant d’être ralliée par les Etats-Unis. Ce qui a permis de le faire adopter.

Mais que signifie concrètement la notion de pertes et dommages, aussi appelés “pertes et préjudices” ? Il s’agit des dégâts déjà provoqués par des événements extrêmes, comme les récentes inondations au Pakistan ou la vague de chaleur qui a frappé l’Europe cet été, et par des phénomènes plus progressifs comme la montée des eaux. Ces dégâts peuvent être matériels et humains, sont irréversibles et touchent déjà une majeure partie du globe. “Cette notion pointe aussi les dégâts monumentaux causés par des phénomènes extrêmes, qui demandent et vont demander des investissements majeurs”, expliquait auprès de L’Express Fanny Petitbon à l’aube de la COP27.

La question des fonds

Pour que cet accord soit vraiment historique et viable, les paroles devront être suivies d’actes. Par exemple désigner les pays vulnérables qui pourraient bénéficier d’un tel mécanisme, tout comme ceux qui devront le financer. D’après les premières conclusions, les modalités de mise en oeuvre du fonds devront être élaborées par un comité spécial pour adoption à la prochaine COP28, qui aura lieu fin 2023 aux Emirats arabes unis. Tout l’enjeu étant d’éviter que ce fonds reste une coquille vide, sans financements considérables. “Il convient de noter que nous avons le fonds, mais nous avons besoin d’argent pour que cela en vaille la peine”, a commenté sur son Twitter Mohamed Adow, de Power Shift Africa. Et d’ajouter : “Ce que nous avons est une coquille vide. Nous devons maintenant la remplir afin que le soutien puisse être apporté aux personnes les plus touchées qui souffrent actuellement de la crise climatique”.

De son côté Laurence Tubiana, la présidente de la fondation européenne pour le climat et une des architectes de l’accord de Paris, a déclaré que “le fond pour les pertes et dommages est sur la bonne voie pour commencer en 2023. Il reste encore beaucoup de travail sur les détails, mais le principe est bon, et c’est un changement de mentalité important alors que nous traitons dans un monde où les impacts climatiques causent des pertes profondes”. Une quarantaine de pays se sont d’ores et déjà engagés à mobiliser plus de 350 millions de dollars (338 millions d’euros) pour les “pertes et dommages”. Une goutte d’eau par rapport aux besoins réels. Pour le seul Pakistan, l’ONU estime que les inondations de cet été, qui ont affecté quelque 33 millions de personnes, ont causé plus de 30 milliards de dollars de dégâts et pertes économiques.

Mai ce n’est pas la première fois que les Etats, certes volontaristes, s’engagent à débloquer des fonds : les promesses de financements du réchauffement climatique prises lors de la conférence de Copenhague, en 2009, n’ont encore pas été entièrement honorées, alors qu’elles devaient être atteintes en 2020. Les pays du nord n’ont toujours pas fourni les 100 milliards de dollars par an qu’ils avaient alors promis.

Source: L’Express.fr

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